Ai-je déjà dit combien je n’aimais pas le mois de septembre ? Cette année 2020, n’a pas cherché à faire exception.
Tu t’en es allé à ton tour et quand on m’a demandé si j’étais triste pour toi, je n’ai pas su me décider.
Une case supplémentaire de ce fameux mois de coché, et pas pour une joie.. Ai-je été triste ? Ai-je pleuré ? Est ce que ca m’a fait quelque chose? Forcément, je porte ton prénom. Forcément, on souhaiterait tous garder ses proches peu importe les relations, à nos côtés le plus longtemps possible, égoïstement. À quel prix ? Comme l’a dit tonton, on s’était quelque part déjà un peu habitué à ton absence et ca crève le cœur de s’en rendre compte. Je n’ai pas le cœur lourd. Je n’ai pas envie de pleurer. Je ne suis plus triste. J’ai eu le temps de quelques heures le temps de réaliser que c’était ce qu’il y avait de mieux pour toi – au-delà du fait que tout ce que D- décide est ce qu’il y a de mieux.
Pis franchement comment ne pas sourire de savoir qu’après toutes ces souffrances que tu as connu dans ta vie, tu t’en sois allé si paisiblement dans ton sommeil, calmement, et si pure. Tu es partie une fois aussi pure que celle que tu as toujours espérée être, et as été toute ta vie. Alors, je ne suis pas triste, parce que je sais que tu retrouves ceux que tu aimes tellement, partis trop tôt. Je ne suis pas triste parce que tu as tous tes souvenirs sans qu’ils puissent te blesser et te faire du mal. Je ne suis pas triste parce que je suis consciente de tout cet héritage que tu laisses dans nos mémoires et nos cœurs. Je ne peux pas être triste sachant que chaque jour qui passe, tu es dans mon identité. Je ne suis pas triste parce que je me rappelle tout l’amour que tu as pu me donner de ton vivant et ca, c’est une des chances que j’ai pu avoir dans ma vie. Je ne suis pas triste parce que j’ai tellement de points communs avec toi jusqu’à nos couleurs de peaux si blanches. Je ne suis pas triste parce que je sais que tu n’aurais pas voulu que je le sois, mais qu’au contraire, j’arbore le sourire que j’ai hérité de ta princesse, aussi pieuse que toi. Si je suis triste, c’est de ne plus voir ton si rayonnant visage, mais nous nous retrouverons et j’aurais à nouveau cette chance. Ce n’est pas un au revoir, mais bien un « à bientôt ». Merci, je t’ai aimé si fort, je continuerais de t’aimer chaque jour qui passe.
Pis, maintenant, j’ai un peu le cœur serré, la boule dans la gorge et j’ai quand même un peu d’appréhension. Vous tous qui êtes partis si tôt, vais, je réussir à être digne de chacun de vos héritages ? J’en sais rien. J’aimerais. Ai-je la même force dont vous avez tous su faire preuve ? Parfois, je me sens si démunie face à l’immensité de ce monde. Parfois j’aimerais juste une de vos paroles, juste vous voir une fois encore pour revoir un exemple vivant. Parfois, je me demande si ma mémoire est intacte. Parfois, je réalise qu’on oublie tellement et pourquoi ? Se protéger ? Est ce seulement le fonctionnement de nos mémoires ? Est ce possible de se souvenir clairement d’une voix, un regard, une présence, une odeur, les détails d’un visage ou que sais je d’autres si particulier à chacun ?
Après dix ans, ce que je peux dire, c’est que j’ai beaucoup trop oublié et parfois ca fait mal. Ce que je sais, c’est que ca ne retire aucunement rien de tout l’amour que j’ai eu pour vous de vos vivants, je me sens proche de vous désormais peu importe l’endroit du monde dans lequel je me trouve. Pis, je souris parce que quelques bribes me reviennent. Une ballade, une habitude, des détails insignifiants, juste assez importants pour prouver que tout ca n’étais pas qu’un rêve. Une lampe tactile avec laquelle on jouait jusqu’á énerver, une tapisserie orange que l’on arrachait derrière le canapé, un morceau de chocolat avant de dormir, une position particulière, les lits qu’on ajoutait pour accueillir à la maison, des airs de chansons, des expressions, un sérieux et une piété sans failles.. Tant de souvenirs qui me donnent envie de continuer et créer moi aussi des souvenirs pour des personnes.
Puis, je regarde autour de moi et je n’entends que ce silence, lumières éteintes, juste celle de chevet qui suffit pour m’éclairer, moi, personne d’autre. Alors la question prend forme dans mon cerveau, pour qui est ce que je crée ces souvenirs ? Vais-je pouvoir un jour comprendre vos efforts de la meilleure des facons : en la vivant moi même ? Être maman ou mamie, avoir des cris d’enfants partout, faire des choix, enseigner, transmettre, léguer un héritage de vie.. En suis-je digne ? Parfois, la peur prend le dessus. Finir seule, loin de tous puis je me souviens que quoiqu’il arrive, je ne suis jamais vraiment seule avec vous tous autour de moi et présents certainement quelque part avec moi et ca m’apaise un petit peu.
Une chose me vient en tout cas à l’esprit, un seul mot : Merci.
Merci de tout ce que j’ai vécu avec chacun de vous. Merci de tous ces exemples, ces enseignements. Merci D- de vous avoir mis sur ma route. Merci d’avoir prié pour que je vienne dans vos vies. Merci d’avoir tout fait pour m’éduquer de la meilleure des manières. Merci parce que sans chacun de vous, individuellement, je ne serais pas celle que je suis aujourd’hui. Merci pour tout l’amour dans lequel vous m’avez baigné tout ce chemin ou nos routes étaient communes. Merci de m’avoir appris à remercier. Merci à vous tous dans mon cœur et ne m’oubliez pas, continuez s’il vous plaît de veiller sur moi. Finalement, soyez tous ensemble, heureux et désormais tous apaisés.
Merci mon D- pour toutes ces personnes si exemplaires que tu as mis, et continue de mettre sur mon chemin.
Je T‘aime et je vous aime.
À jamais dans mon cœur.
À bientôt.
– S.