Yuzmv – Episode III – « Les mains libres »
Dans ce monde où nos mains, sont sans arrêt occupées à tapoter ci et là, glisser sur l’écran, autant de surfaces froides et sans âme. Où est passé le temps ou les gamins rentraient à la maison les mains pleines de terre, de boue, trempées, un bouquet de feuilles et de fleurs ramassées ou arrachées ? Pis, on admire les artistes qui continuent de ressentir autour d’une peinture, une poterie, une sculpture..
Avons-nous perdu contact direct avec la nature qui nous entoure ? Est ce le reflet d’une perte de repère qui montre une fois de plus la perte de notre nature ? Comment savoir qui nous sommes réellement ? Le monde a t’il perdu la tête ? Croit-on qu’être nature, c’est être faible ? Pourquoi il sourit en voyant celui-la marcher pieds nus ? Pourquoi avons-nous besoin de stage pour se ressourcer et simplement se faire dire qu’un tour en forêt apporterait bien plus que toute une panoplie de consultation chez un nombre incalculable de médecins ? Le monde a t’il perdu la tête ? Avons-nous tous la tête suspendue avec pour seule aide la gravité qui nous retient ?
Sans parler de nature, de contact physique, qu’en est il de nos sentiments ? Où s’est envolée la capacité de se connecter aux autres ? Pourquoi l’empathie est elle si rare ? Ou plutôt pourquoi les empathiques enfouissent leur capacité pour devenir froid et insensible ? On se demande pourquoi y a autant de cinglés, mais comment pourrait, il en être autrement alors que chacun refoule son être si profondément qu’il en vient à se détester ? Comment survivre dans ce monde alors que, seuls errent des gens paumés, perdus, seuls et tristes de s’être égarés ?
Alors je m’assois devant la fenêtre et je regarde la pluie tomber. Je ne veux pas me dire que je suis dans un monde où il n’y a que froideur, insensibilité, errance et tristesse. Je préfère me dire comme l’a dit Gandhi « Sois le changement que tu veux voir dans le monde ». Je préfère me dire qu’il y a dehors des gens qui arrivent quand même à relier les câbles et se reconnecter à eux, aux autres, à l’univers. Si vous êtes déjà allés à New York et avez vécu la même expérience que moi en levant les yeux pour capter le haut d’un building, vous avez peut-être eu la tête qui tourne, sorte de vertige à l’envers. Se plonger dans son intérieur, creuser à en pleurer, douter et avoir peur à en trembler si profondément, est à la fois grisant et effrayant, ca fou le vertige, ca fait reculer tellement de fois. Apercevoir ce noir de si haut ca fou les jetons et pourtant quand tous les efforts tiennent bon et que tu te jettes dans la profondeur de ton cœur, t’es aveuglé d’un coup par la farandole d’émotions, de bonheur, de joie, d’amour qui t’habite, t’as la tête qui tourne et tu perds pied un moment.
C’est comme ca pour chacun ? Je le pense oui. Quand on né, on est qu’amour, gentillesse, partage. Avant de grandir et être formaté par des idées, un entourage, une éducation, ces sollicitations visuelles si présentes désormais, je crois sincèrement que l’on ne peut pas haïr, on ne peut pas détester, dire du mal, juger, se permettre de blesser et en rester insensible. Personnellement, je ne sais encore aujourd’hui pas le faire, du moins pas sans me reprendre ensuite et réfléchir pour enlever la peine que cela me cause. On y vient, ce monde va mal, mais il est le seul fautif. Quand les gens comprendront qu’être méchant se répercute de la moins belle des manières sur eux ? Pourquoi ils ne ressentent pas la petite incision qui se fissure en eux quand ils s’en prennent aux autres ? Peut-on réellement être méchant sans en souffrir ? Peut-on réellement annihiler ses sentiments ? Peut-on s’oublier jusqu’à n’être personne ? Qu’est-ce qu’un homme sans sentiments ?
Je suis incapable de croire que même les plus grands méchants de l’histoire ne se sentaient pas seuls, le soir, quand il ne restait que l’écho de leur conscience et les battements de leur cœur. Je suis naïve ? Certainement. Un bisounours ? Peut-être pas complètement. J’aime croire qu’en chacun de nous se trouve les forces de se retrouver, la capacité de tendre la main à notre petit être oublié tout au fond de notre cœur. Je crois farouchement que chacun peut devenir une merveilleuse personne. Une de celle qu’on rêverait tous d’avoir auprès de soi. Quelqu’un qui se soucierait de l’autre. Altruisme, générosité, empathie. Je pense sincèrement que chacun couve tout au long de sa vie une petite âme qui une fois découverte éclorerait pour illuminer, briller, grandir et protéger au moins un autre être humain sur cette terre. Certain habite cette petite âme des leurs naissances, des petits anges en somme.
D’autre la trouve plus tard et l’arrose progressivement jusqu’à devenir le plus bel oiseau du paradis – aka la beauté de cette fleur-, pis d’autre lui donneront l’espoir. Ils la trouveront, lui donneront un peu de lumière, elle commencera à éclore, mais certainement pas assez vite à leur goût. Elle flétrira chaque jour un peu plus veillant tout de même à laisser une petite pousse prête à refleurir sous l’espoir d’un autre petit rayon de lumière.
Je vous accorde que ce monde n’est pas le plus beau. Je vous accorde que rien n’est simple. J’accorde que l’égoïsme à sa place prépondérante, que la normalité est devenue une valeur, mais je n’abandonnerais jamais l’idée qu’il y a du bon dans chacun d’entre nous. Si lorsque tu regardes dans le miroir, tu ne vois que du noir, si tu n’arrives même pas à te regarder en face, si tu as peur, n’abandonne pas et dis toi que moi, du fin fond de mon lit dans mon petit deux pièces, au sein de cette ville bassin de tant de conflits, je t’aime et je sais qu’il y a du bon en toi. Comment je peux croire autant en les autres ? J’en sais rien, c’est comme ca. ♥
Je t’aime et j’essaie encore d’apprendre comment m’aimer autant. J’ai découvert ma petite âme et j’essaie de l’arroser de la meilleure des manières pour pas qu’elle s’évanouisse. C’est déjà pas mal non ?
Souris, tu es beau.belle. Je t’aime.
-S