Envie de destruction. Envie d’hurler. Envie de casser. Envie de faire du mal. Envie de blesser. Cerveau en bouilli. Nerfs à fleur de peau. Sens exacerbés.
La peur. Le vide. Le feu. Le gel. La basse résonne. Ses paroles qui s’égrennent. Nakré.
Ce soir, c’est dans tous les sens que se bousculent mes sentiments, mes pensées. Ce soir, j’ai la rage. Ce soir j’ai pas envie d’être positive même si je sais qu’une fois que j’aurais craqué, tout reviendra normalement. En attendant je reprends mes mauvaises habitudes. J’insulte. J’envoie bouler. Je rage. Je blesse. Je fais mal. Je me taillade le coeur, les paroles pour plus belles armes. Tellement facile. Un peu d’observation en amont, je le fais naturellement de toute manière et le moment venu, déverser des méchancetés, piquer là où ca fait mal. Ne pas hésiter à appuyer, enfoncer, retourner le couteau dans la plaie.
Non, je ne suis plus si assassine qu’avant. La cible désormais c’est moi. Quoique, même cette fois j’réussis à faire moins mal que d’habitude. Cette déception assassine. Ce sentiment qui ronge. Ces nerfs contractés, prêts à explosés. Cette rage qui veut juste enflammer la pièce, bruler ma peau et s’évaporer. Incendie qui emporterait toute cette fureur destructrice.
En même temps, j’suis pas encore un roc. J’suis pas inébranlable. Je vois les objets voler dans ma tête. Professionnelle de la visualisation, j’ai pas besoin d’aide pour imaginer les scènes. Pas besoin de tests pour connaître les douleurs. Pas besoin de trainer dans les musées pour connaitre la beauté et l’immensité du spectre de lumière. Je ferme les yeux et ca brûle. C’est étouffant, aveuglant. Je suffoque de cette rage. J’ai du mal à respirer. Le coeur serré absent pour irriguer mon corps m’empêchant de réagir. De toute manière, j’ai juste envie de me rouler en boule et observer le chaos tout autour qui menace de me réduire en poussière.
Et c’est ce que je fais le temps que s’apaise la haine, la rage, la peur, le dégout, la fureur, la fièvre. Cet ouragan frénétique d’exaspération, de déception, de rancoeur. Nervosité, impatience et horripilation. Allongée en position latérale de sécurité, j’ai les yeux qui pleurent. Ces particules de fumée qui se précipitent pour bruler mes globes, envahir mes poumons qui ne souhaitent qu’une chose: Exploser. Je fixe ces flammes parfaites, personnification de ce qu’il se passe au fond de moi. Tout tourne dans une valse destructrice qui ondule avec tant de grâce. J’accepte cet état. J’ai mal, j’ai du mal à respirer. Les muscles tétanisés je sais que je dois bouger si je ne veux pas mourir ici, seule, effrayée et si furieuse.
Impossible mon corps ne réponds plus, alors je ferme mes yeux et je laisse à mon cerveau le relai.
Inspiration profonde. Brulure intérieure.
« C’est positif » répond mon cerveau. « Si tu ressens encore, c’est que tu es en vie. Si tu es en vie, c’est que tu as encore des forces. Si tu as des forces, tu peux te battre juste assez pour remonter à la surface, te relever et courir loin de ce vacarme, de cette beauté destructice pour retrouver ton havre de paix. Ouvre les yeux.. PUTAIN OUVRES TES YEUX ET RELEVES TOI. BATS TOI. DEPUIS QUAND TU TE LAISSES ALLER? »
…
Ouverture des yeux. Aveuglement. Peur. Aflux d’informations. Se relever et courir. Courir. Loin. Vite. Les flammes caressent le tissu qui recouvre mon corps. Brulure déchirante. Electrochoc revitalisant. Oui j’en ai la force.
Non ce n’est pas mon heure. Cours Silver, cours.
Trébuchements. Mouvements saccadés. Douleurs lancinantes. Crampes qui menacent a chaque pas. Mon corps est toujours là. Il repond, il se releve, il avance. Traverser ces murs dansants aux couleurs chaudes. Ce mélange orangé au reflets bleutés. Nuances de marrons, de jaunes éblouissants. FONCE.
Je l’ai fais ! Je l’ai franchi !
Courir à bout de souffle, où de ce qu’il en reste. Trouver de l’eau pour apaiser la douleur des brulures, humidifer de nouveaux mes lèvres, ma bouche. De l’eau pour vivre.
Se rapprocher de la mer et se jeter dedans en y flottant à la surface. Bras ouverts, offerts à la nuit noire. Abandonnée sous ces taches qui éclairent le ciel. On dit qu’elles répresentent les personnes disparues qui veillent sur nous. Cligner des yeux et les fixer.
Une, deux, trois, quatre.. j’ai perdu le compte. Vous êtes trop nombreux à m’avoir abandonné.
Le corps balloté par le mouvement des vagues, je referme les yeux en m’apaisant.
Les douleurs ne disparaitront jamais. Les cicatrices ne font qu’unes désormais. Ce corps, ce coeur tailladés de ces peines. Pourtant, je suis toujours là. Esquisse de ce qui serait dans des jours plus heureux un sourire radieux, suffit à réchauffer mon coeur. Une fois de plus, j’ai gagné le combat. Une fois de plus, je suis toujours là.
Aussi insupportable. Aussi invivable. Aussi destructrice que je pourrais l’être. Aussi blessante que je sais l’être. Aussi noire que mon âme puisse l’être par moment.
Désolé petit diable tu as encore échoué pour cette fois, j’ai repris les rênes une fois de plus. Une cicatrice de plus? Pas de problemes. C’est un trophé de plus. Victorieuse je sors une fois de plus de ce combat intérieur beaucoup trop violent.
Plus je me bats et plus c’est violent chaque fois.
Ou serait la beauté de la victoire si c’était simple, mh?
Tu le sais Silver, t’es peut-être dure, blessante, crevante mais tu es si belle. Peut importe ce qu’en savent les gens, tu le sais. Peut importe ce qu’ils voient, c’est aussi clair que l’eau de roche pour toi. Peut importe la profondeur du noir de ton âme, tu sais tellement bien l’éclairer de sa blancheur pure et sincère quand tu retrouves les forces.
Quelle belle personne tu es petite Silver. Ne te laisse jaimais blesser de la sorte. N’oublie jamais à quel point je t’aime profondément.
Que tu es vraie. Que tu es forte. Tu iras loin. Continue ta route, le soleil brille et n’est pas prêt à laisser un nuage obscurcir ton ciel.
Je t’aime. Merci, S.